Nouveau cadre de développement de l’UE : le travail décent en tant que moteur pour atteindre les ODD

Le 19 mai 2017, le Conseil des ministres de l’UE a adopté le nouveau Consensus européen pour le développement, énonçant les principes qui guideront l’approche de l’UE et de ses États membres en matière de coopération avec les pays en développement au cours des 15 prochaines années, ainsi qu’une stratégie pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD).

Le Réseau syndical de coopération au développement (RSCD) et la Confédération européenne des syndicats (CES) saluent le fait que le nouveau consensus reconnaît le travail décent comme élément prioritaire dans la réalisation d’un développement durable et inclusif. Les revendications syndicales demandant l’intégration de l’Agenda du travail décent dans la politique de développement de l’UE apparaissent à travers tout le texte adopté.

L’UE et ses États membres s’engagent à promouvoir l’emploi décent et à discuter avec les syndicats dans le cadre de la promotion du dialogue social. D’après le nouveau texte, le travail décent devrait aboutir à des salaires décents, générant ainsi des revenus suffisants pour la protection sociale et les services publics. Les chaînes de valeur durables doivent respecter les droits de l’homme et du travail, les normes fondamentales de l’OIT, les obligations en matière de diligence raisonnable, ainsi que les normes environnementales et sociales.

La politique de développement de l’UE encouragera une fiscalité progressive des politiques publiques de redistribution qui veillent à mieux répartir les bénéfices de la croissance, de la création de richesse et des emplois décents, ainsi qu’à formaliser l’économie. L’UE soutiendra également la lutte contre le travail des enfants et le travail forcé ainsi que la traite des êtres humains, tout en soutenant la liberté de réunion et d’association.

Le nouveau consensus s’engage à des partenariats avec les syndicats dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et réaffirme que les principes d’efficacité du développement doivent s’appliquer à tous les acteurs du développement, y compris le secteur privé. Néanmoins, le nouveau consensus n’établit aucun critère précis permettant d’évaluer les interventions du secteur privé dans le développement.

Wellington Chibebe, secrétaire général adjoint de la Confédération syndicale internationale (CSI) a déclaré : « Le nouveau consensus de l’UE montre clairement que le travail décent et le dialogue social sont les principaux moteurs du développement durable et inclusif. Le premier donateur mondial d’aide donne le ton en vue d’inverser la tendance des inégalités croissantes et d’une croissance économique sans création d’emplois. Toutefois, les syndicats refusent d’utiliser l’aide publique au développement comme élément de marchandage dans les négociations sur la migration et les contrôles aux frontières. Elle devrait constituer un outil en faveur des pauvres afin d’éradiquer la pauvreté. Si les entreprises souhaitent être un partenaire fiable dans les ODD, elles doivent s’engager à obtenir des résultats de développement sains au moyen d’un travail décent ».

Liina Carr, secrétaire confédérale de la Confédération européenne des syndicats (CES) a déclaré : « La reconnaissance par l’UE du rôle du travail décent est cruciale pour “tirer profit” de la mondialisation. Cependant, le fait que le nouveau consensus promeuve le secteur privé comme un “moteur du développement durable à long terme” rend encore davantage nécessaire d’intégrer le dialogue social dans les politiques extérieures de l’UE, d’accroître la prise de responsabilité des processus de développement, d’amener les entreprises à rendre des comptes et de veiller à ce que les travailleurs et leurs familles ne soient pas laissés pour compte. Le dialogue social est un pilier fondamental de l’UE et nous nous attendons donc à ce que les politiques extérieures de l’UE le promeuvent également à l’extérieur des frontières de l’UE ».

Le Parlement européen devrait approuver le texte le 31 mai 2017 et la signature de l’accord interinstitutionnel devrait avoir lieu dans le cadre des Journées européennes du développement qui se dérouleront les 7 et 8 juin 2017 à Bruxelles.

Pour plus d’informations, contactez Joan Lanfranco, responsable du plaidoyer du RSCD, [email protected].