Une vie digne, prospère et créative pour les travailleurs au Népal

La Fédération Générale des Syndicats Népalais (GEFONT) défend les droits des travailleurs dans divers secteurs au Népal, en se concentrant sur des salaires décents, la sécurité de l’emploi et la sécurité sociale. GEFONT promeut également l’auto-emploi, organise des programmes éducatifs et traite des questions contemporaines comme le changement climatique

Par Bidur Karki, vice-président de la GEFONT

Depuis sa création, la General Federation of Nepalese Trade Unions (GEFONT) a défendu activement les droits et les intérêts des travailleurs de toutes catégories travaillant dans les secteurs de l’industrie, de l’agriculture et des services. La fédération œuvre à l’organisation, à l’éducation et à la mobilisation des travailleurs pour assurer à la classe ouvrière népalaise une vie digne, prospère et créative. En tant que pays membre de l’Organisation internationale du travail, le Népal a adopté le dialogue social et d’autres mesures pour se conformer aux normes du travail.

La GEFONT a pour mission de défendre les droits et les intérêts de l’ensemble de la classe travailleuse et de ses membres. Ce qui implique trois garanties fondamentales pour la classe travailleuse : la rémunération (des salaires décents), la durabilité (la continuité du travail) et la sécurité (des économies pour l’avenir – la sécurité sociale). Ci-après sont passées en revue certaines des dispositions prises par la GEFONT en ce sens.

Des revendications fondées sur les droits et les intérêts sont formulées en vue de rendre le salaire décent. Notamment, un audit du travail réalisé dans tous les secteurs (travailleurs réguliers ou permanents et temporaires dans le secteur formel, travailleurs externalisés, travailleurs journaliers) afin que ces derniers soient inscrits à la caisse de sécurité sociale. En outre, un examen périodique du salaire minimum, en mettant l’accent sur la négociation collective et en proposant un nouveau système pour les revendications fondées sur les intérêts. L’objectif central consistera à augmenter le nombre de membres dans tous les secteurs.

Actuellement, au Népal, les étudiants de divers établissements d’enseignement supérieur sont placés en stage, contre rémunération, dans des hôtels, des chaînes de restaurants et des centres commerciaux. Là où aucune incitation n’est prévue, les stagiaires sont contraints de travailler de 6 à 8 heures gratuitement. Il ne s’agit pas de justice, mais d’exploitation de la main-d’œuvre. Si le code du travail prévoit des salaires adéquats pour les stagiaires, cette disposition n’est pas mise en pratique. Par conséquent, la GEFONT a décidé d’étendre le champ des revendications syndicales en exigeant que ces travailleurs soient rémunérés à titre obligatoire.

Le Népal compte plus de travailleurs informels que de travailleurs formels. Malgré cela, il n’y a pas eu de recensement officiel des travailleurs informels. Il en résulte que ces travailleurs se voient privés d’une partie des prestations normalement prévues par l’État. Pour remédier à cette situation, la GEFONT œuvre sans relâche afin d’enregistrer les travailleurs au niveau local du gouvernement et de régulariser leur statut d’emploi. L’enregistrement a pour objectif d’apporter la sécurité sociale aux personnes qui exercent une activité salariée ou indépendante.

Afin d’améliorer les conditions socio-économiques des travailleurs, la GEFONT encourage ses membres à exercer une activité indépendante plutôt qu’un emploi salarié et les incite à créer leur propre entreprise, en mettant à leur disposition des capitaux de départ et en leur proposant des formations.

Au terme d’une longue lutte de près de trois décennies, le gouvernement népalais a adopté en 2024 (2075 selon le calendrier népalais) une loi visant à garantir la sécurité sociale pour tous. Quatre régimes de sécurité sociale basés sur les cotisations sont actuellement mis en œuvre au Népal par le biais du Fonds de sécurité sociale (régime de prestations médicales, régime de protection de la santé et de la maternité, régime de protection en cas d’accident et d’invalidité, régime de protection pour la famille dépendante, et régime de protection pour les personnes âgées). Une procédure a par conséquent été adoptée par le gouvernement afin que non seulement les personnes qui occupent actuellement un emploi salarié, mais aussi celles qui travaillent à l’étranger ou qui sont indépendantes, puissent être inscrites dans ce fonds. Environ 1,2 million de travailleurs s’y sont inscrits à ce jour. La GEFONT mène une campagne pour enregistrer au moins deux millions de personnes au cours des quatre prochaines années.

Afin d’organiser le mouvement syndical, la recherche, l’analyse politique et l’école syndicale seront intégrées au sein d’une structure unique pour développer le concept de l’Académie de syndicalisation de GEFONT. Des dispositions ont également été prises dans le cadre de l’institut syndical GEFONT pour organiser des formations courtes d’une journée et des formations régulières d’une durée maximale de sept jours, en fonction des besoins. La formation syndicale a été menée en organisant des classes virtuelles hybrides coordonnées depuis le siège de l’institut syndical en liaison avec les formations virtuelles organisées au niveau de chaque province. Les participants démarreront leur formation simultanément dans les sept provinces et assisteront aux cours en direct, tandis que les formateurs experts suivront leur formation depuis le siège de l’institut syndical.

Le Népal étant un pays pourvoyeur de main-d’œuvre expatriée, environ trois millions de travailleurs se trouvent actuellement dans différents pays dans le cadre d’un emploi à l’étranger. La GEFONT a également étendu la portée de son action dans d’autres pays, sous le slogan « GEFONT is there where are the workers digitally » (la GEFONT est là où les travailleurs se trouvent numériquement). À l’heure actuelle, un groupe de soutien GEFONT a été créé avec pour mission de protéger les droits des travailleurs dans les pays qui comptent une main-d’œuvre népalaise nombreuse. Ce groupe œuvre à la protection des droits des travailleurs népalais par le biais d’une coordination et d’une coopération avec les syndicats des pays concernés.

Mise en œuvre de programmes centrés sur les jeunes afin d’assurer la présence et l’encadrement des jeunes générations au sein du mouvement syndical, de les former et de les mobiliser en les impliquant dans les cercles de travailleurs communautaires et les comités de jeunes sur le lieu de travail, ainsi que dans le cadre du programme des jeunes au sein des services sociaux nécessaires au renforcement des capacités de la jeunesse. Organisation d’une grande conférence des jeunes travailleurs pour décider de la stratégie future en analysant les attitudes, les aspirations et les conditions des jeunes.

Renforcer la participation des femmes au mouvement syndical, y compris une évaluation du scénario post-restructuration de l’État, poursuivre la campagne contre la violence à l’égard des femmes dans la société et sur le lieu de travail, contre la tendance consistant à nier le rôle des femmes au sein de la société et de l’économie, et mettre l’accent sur le développement du leadership des femmes au sein du mouvement syndical.

En outre, la GEFONT est impliquée dans les grandes problématiques du moment (changement climatique, pandémies, etc.) par le biais de diverses activités.
Pour mettre en œuvre les actions proposées, la GEFONT organise chaque année des ateliers, prépare des plans d’action et mène des campagnes en conséquence auprès de tous les comités affiliés, y compris au niveau local, ainsi qu’auprès des entreprises. Cette année, la GEFONT mène une deuxième campagne intitulée GEFONT Campaign for Decent Work (Campagne de la GEFONT pour un travail décent).