La Belgique se dote d’une stratégie Travail décent pour sa coopération internationale

Les syndicats belges ont contribué et veilleront à la mise en œuvre d’une note stratégique sur le travail décent de la Direction générale de la Coopération au développement et de l’Aide humanitaire de Belgique.

Dans le cadre de la présidence de l’UE, la Belgique a présenté ce 12 janvier 2024 sa note stratégique sur le Travail décent qui vise à fournir des lignes directrices politiques claires et de renforcer la collaboration sur le Travail décent pour les différents acteurs de sa coopération internationale: agences gouvernementales (DGD, Enabel, BIO), acteurs institutionnels (Universités, villes et communes), société civile (syndicats et ONG), agences multilatérale (OIT).

Les instituts de coopération internationale des 3 syndicats belges (ACV-CSCi de la CSC, l’IFSI-ISVI de la FGTB, BIS-MSI de l’ACLVB-CGSLB) et les 6 autres membres [1] de la Plateforme belge de Coordination Travail Décent (PCTD) [2] ont activement participé à la conception de la note. Bien que le processus ait parfois révélé des différences d’approche et de vision avec les autorités compétentes, nous saluons son adoption officielle qui devrait permettre d’opérationnaliser la reconnaissance du Travail décent comme thème prioritaire de la coopération belge en 2013 [3]. Notre rôle, en tant que syndicats belges et membres de la PCTD, est maintenant de veiller à ce que cette note soit appropriée et mise en œuvre au travers des 3 canaux de financement de la coopération belge : gouvernemental, non gouvernemental et multilatéral. A cet égard, nous serons attentifs à l’équilibre du soutien accordé à chacun des 4 piliers de l’Agenda du Travail décent, en vue de refléter leur caractère indissociable et leur égale importance.

La présentation de la note s’est déroulée à Bruxelles en présence de la Ministre belge de la Coopération Caroline Gennez, du Directeur général de l’OIT Gilbert Houngbo, de la Directrice générale de la DGD Heidy Rombouts, du Rapporteur spécial des Nations Unies Olivier De Schutter, et du Secrétaire général de la CSI Luc Triangle. Ils ont débattu des nombreux défis auxquels les acteurs du Travail décent sont confrontés : inégalités socio-économiques, notamment liées aux genres, informalité de l’emploi et formes de travail atypiques, changement climatique et urgence d’une transition juste, montée de l’extrême droite et attaques contre les droits des travailleurs [4]. La nécessité d’élaborer et mettre en œuvre des stratégies pour répondre à ces défis et étendre le Travail décent est plus que jamais d’actualité.

A ce propos, Luc Triangle, Secrétaire général de la CSI, a déclaré : « L’adoption de la note stratégique est une initiative intéressante de la part de la Belgique. Nous insistons sur l’importance du respect des conventions fondamentales de l’OIT car elles constituent la base d’un environnement propice au travail syndical »

Parmi ces stratégies, les intervenants n’ont pas manqué de souligner à plusieurs reprises l’importance de garantir les libertés syndicales et de renforcer la prise en compte de la voix des travailleur.euse.s, mises à mal par le contexte généralisé de réduction de l’espace civique. L’accès à la protection sociale universelle est ressorti des échanges comme une autre priorité stratégique.

Avec la publication de cette note, la Belgique s’engage un peu plus en faveur de la mise en œuvre de l’Agenda du Travail décent de l’OIT. En septembre 2023, le gouvernement belge avait déjà annoncé son intention de soutenir à hauteur de 3 millions d’euros l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale et des transitions justes.

Ce 12 janvier 2024, la Ministre Gennez a profité du lancement de la note stratégique sur le Travail décent pour annoncer que la Belgique soutiendra également le projet de Coalition mondiale pour la justice sociale appelée de ses vœux par le Directeur général de l’OIT Gilbert F. Houngbo. Nous soutenons entièrement l’intention de l’OIT de mieux intégrer les objectifs de la justice sociale dans l’ensemble des activités des Nations-Unies. Les syndicats belges souhaitent néanmoins que cette meilleure intégration ne se fasse pas aux dépens des spécificités de l’OIT, à savoir sa structure tripartite unique ; son mandat de protection des travailleurs et travailleuses à travers la promotion et le contrôle des normes sociales internationales existantes et l’adoption de nouvelles normes qui reflètent et répondent aux nouveaux défis du monde du travail.

Footnotes

[1Les 6 autres membres de la PCTD sont : la Mutualité chrétienne, Solidaris, WSM, FOS, Solsoc, et Oxfam.

[2La Plateforme belge de Coordination Travail Décent (PCTD) vise une concertation effective et une coordination des activités entre les acteurs du Cadre Stratégique Commun Travail Décent de la Coopération belge, au niveau tant opérationnel que stratégique.

[3Le Travail décent figure parmi les trois thèmes prioritaires mentionnés dans la Loi portant sur la Coopération belge au développement du 19 mars 2013 (chapitre 1 ; art. 2, 21°).

[4ITUC Global Rights Index 2023