Réunion régionale CSA-RSCD 2024 : Sauver les Objectifs de développement durable

Les dirigeants syndicaux d’Amérique latine et des Caraïbes se sont réunis dans le cadre d’un webinaire de deux jours avec les représentants des instances de l’ONU dans la région afin de faire le point sur les objectifs de développement durable (ODD) et de discuter des priorités syndicales pour le Forum des pays d’Amérique latine et des Caraïbes sur le développement durable en 2024.

L’événement, qui s’est déroulé les 9 et 10 avril 2024, était organisé par le Réseau syndical de coopération au développement de la Confédération syndicale des travailleurs et travailleuses des Amériques (CSA) et de la Confédération syndicale internationale (CSI).

Avec cette réunion, les syndicats ont voulu envoyer un signal fort aux représentants de l’ONU, à savoir que les travailleuses et les travailleurs sont des acteurs clés dans les processus de développement durable des pays, et qu’il est important que les représentants de l’ONU remplissent leur mandat d’inclure les organisations syndicales de manière effective et structurée dans les processus de développement durable qu’ils dirigent, afin que la perspective des travailleuses et des travailleurs, et en particulier leurs revendications en matière de travail décent, de respect des droits, de salaires décents, de protection sociale, d’égalité et d’inclusion, soient prises en compte et articulées dans les politiques de développement.

À l’instar d’autres régions du monde, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes accusent du retard dans la réalisation des objectifs des ODD. À titre d’exemple, les principaux ODD relatifs à la résilience sociale, à savoir l’ODD 1 (« Pas de pauvreté »), l’ODD 8 (« travail décent et croissance durable ») et l’ODD 10 (« réduction des inégalités »), accusent tous des retards significatifs ou des progrès insuffisants. Seul l’ODD 8 présente des progrès suffisants pour deux de ses onze cibles.

Afin de décrire la situation de façon plus concrète, certains représentants syndicaux ont évoqué les réalités quotidiennes auxquelles se trouvent confrontés les travailleurs et les syndicats dans leur pays. Il a notamment été question de la situation de pauvreté aiguë qui se répand en Argentine à la suite des décisions du gouvernement Milei, de la malnutrition dont souffrent les travailleurs vénézuéliens face à la corruption et à la stagnation économique due aux sanctions, du rôle central joué par les syndicats pour faire aboutir les accords de paix en Colombie, ou encore des efforts régionaux déployés par les syndicats des pays amazoniens pour créer un plan de transition juste et commun.

Pour leur part, les représentants de l’ONU ont salué les interventions des syndicats qui, comme l’a déclaré Ana Moreira, directrice régionale de l’OIT pour l’Amérique latine et les Caraïbes, « sont venus réaffirmer l’importance du tripartisme et le rôle central des syndicats en tant qu’acteurs du développement ». Le directeur du Bureau des Nations Unies pour la coordination des activités de développement pour la région Amérique latine et Caraïbes, Roberto Valent, a rappelé que « pour l’ONU, les syndicats sont des acteurs pertinents avec lesquels elle souhaite coopérer ». Il s’est également dit préoccupé par le fait que la région risque de subir des revers majeurs dans des domaines aussi importants que la protection sociale et l’action climatique. Enfin, le secrétaire de la CEPALC, Luis Yáñez, a appelé à un renforcement de la collaboration et de la complémentarité entre la CEPALC et les syndicats.